Pandora est double, chaire et argile, femme et créature divine, autonome pour les hommes et ficelée par les dieux, porteuse de dons les plus attrayants et semeuse de maux les plus effrayants. La réalité mythique de Pandora se dissout dans l’imaginaire des hommes et ressort dans leurs fantasmes ou dans une quête de sens. Dans Pandore de Goethe, elle est dans chaque mot, elle déclenche l’action, devient la peur ou le rêve des hommes, mais elle n’apparaît jamais. La Pandora de Nerval est une artiste lyrique (le chant des sirènes peut-être ?) avec qui le narrateur vit un amour non pas impossible mais sans aboutissement. Dans Pandora de Bailly, c’est une « revenante » au sens propre puisque effectivement, sortie de la légende, elle revient sur Terre. Elle est la proie du doute et cette fois-ci la boîte est vide. À la fin Pandora meurt et retourne définitivement à la légende. À chaque fois ce personnage de théâtre, plus qu’une tentation, est une illusion.