C’est chaque fois une tentative pour aller…Aller voir… Aller à la vision…
c’est un effort vers la source, une recherche du mystère de la vie avec l’être tout entier.

Bram Van Velde

J’ai découvert Bram Van Velde en 1990 à Grenoble, par ses écrits enfin ses paroles qu’il a échangé avec Charles Juliet. D’abord émue et bouleversée par l’homme, j’ai ensuite rencontré sa peinture, rencontre intense. Compagnon de regards, de pensées… par intermittence, aujourd’hui, il remonte en moi comme une évidence.

Partir du figuratif pour aller vers l’abstraction… S’arracher du connu, du reconnaissable, pour s’ouvrir à l’inconnu sans contraintes ni limites. Laisser monter à la surface une matière non pensée, non filtrée… Connaître ce tressaillement qui nous saisit quand la vie parle à la vie et que la chose est là toute proche, frémissante mais si fragile, si vulnérable, si vite enfouie.

Dire que ce sont des choses informes, c’est dire, non qu’elles n’ont point de formes, mais que leurs formes ne trouvent
en nous rien qui permette de les remplacer par un acte de tracement ou de reconnaissance net.
Et, en effet, les formes informes ne laissent d’autre souvenir que celui d’une possibilité… 

Paul Valéry

Les morts nous apprennent le désir parce que c’est l’absolu dont on les prive.

François Bon

La situation est simple : un frère, une sœur et la femme du frère, amie d’enfance de la sœur, veillent le père mort. On nous dit qu’il est dans la pièce d’à côté. Famille de musiciens, on assiste à une explication parfois violente entre les personnages qui semblent ne plus s’être parlé depuis longtemps. Dans cette douleur du deuil parler est difficile mais se taire encore plus. Alors ces trois-là, pour continuer, pour tenir debout vont aller loin dans l’explication. Une mise à nu.

Se souvenir c’est aussi inventer. La mémoire est l’art magique de la composition…

Hélène Grimaud

Un nouveau projet chorégraphique encadré par des professionnels du spectacle vivant pour faire vivre à des amateurs cette expérience de la vie d’un spectacle, de l’improvisation à la composition, des répétitions aux représentations, du partage de réflexions à la reprise de rôles… 14 pratiquantes de 12 à 60 ans ont visité à travers cette création les strates de leur mémoire individuelle et de la mémoire collective : mémoire sensorielle, affective, sociale, historique… et plus spécifiquement celle de leur expérience de la danse en tant que pratiquante et/ou spectatrice.

J’ai vécu des moments magiques, avec un sac jaune, avec des rencontres… Danser avec A… est toujours un moment intense ; croiser le chemin de B… est un privilège ; danser avec C… est toujours un endroit entre jeu, tendresse et complicité ; D… est un point d’interrogation ; E… est comme une amie de toujours ; F… un morceau de papier de verre ; G… est un mystère qui se dévoile parfois ; H… une montagne que j’hésite à aborder ; I…est un sillage dans lequel j’aime m’engouffrer. Mais le plus bouleversant, ont été mes rencontres avec J… J’avoue ne jamais être très à l’aise avec elle et pourtant une de nos rencontres m’a émue, à tel point que j’ai dû lutter pour retenir quelques larmes. K

Qu’est-ce que je fais ici ? J’appelle. J’appelle. J’appelle. Je ne sais qui j’appelle. Qui j’appelle ne sait pas.
J’appelle quelqu’un de faible, Quelqu’un de brisé, Quelqu’un de fier que rien n’a pu briser.
J’appelle. J’appelle quelqu’un de là-bas, Quelqu’un au loin perdu, Quelqu’un d’un autre monde.
(C’était donc tout mensonge, ma solidité ?) J’appelle.

Henri Michaux

Présences est un spectacle intime qui joue sur la métamorphose des corps présents sur scène, juste apparents ou bien réels. La chorégraphie s’enchaîne et se déchaîne comme les rêves, baignée dans un espace sonore sans cesse mouvant. Notre présence se révèle par la présence de l’Autre. Ici, une paire de chaussures suffit à signaler une présence. Très vite se glisse à nos lèvres, une question qui cache à la fois le désir et la peur : Est ce qu’il y a vraiment quelqu’un ?

Antigone : « Pas un mot ne me vient aux lèvres qui n’ait d’abord été dans mon cœur. »

André Gide

Paroles au ventre, sous-titré : Ismène, Antigone et surtout les Autres, est un spectacle qui croise des paroles de femmes, fictives ou documentaires, sur la résistance et la souffrance.

Comme point de départ, l’acte de résistance d’Antigone (de Sophocle) face à l’autorité tyrannique de Créon. Les paroles d’Antigone brûlent Créon, secouent Ismène la sœur, la semblable. Les paroles d’Antigone disparaissent, se fondent avec d’autres paroles, avec d’autres résistances, émergent d’autres voix de femmes anonymes, différentes et si semblables… Ici, personne n’est Antigone, donc toutes peuvent l’être.

Ce spectacle ne raconte pas d’histoire, il plonge dans l’Histoire, et fait surgir des paroles fortes, poétiques et vraies qui font Notre histoire.

Dernier souffle d’espoir d’un homme au fond du gouffre qui se bat avec la seule arme qu’il possède encore : les mots.

Dans La nuit juste avant les forêts, l’homme se lance vers un inconnu avec maladresse et légèreté, cherche le chemin d’une pensée confuse quitte à brûler toute l’énergie qu’il lui reste. Texte considéré comme mythique dans l’histoire du théâtre contemporain, l’acteur Gaël Baron, révèle ici, à la fois sa tendresse, son humour et sa violence.

Dans L’Instruction, l’histoire allemande devient vivante et est jugée à partir d’aujourd’hui.
Ce n’est pas la représentation du passé, mais la représentation du présent à travers lequel renaît le passé.

Peter Weiss

En 1964, Peter Weiss suit attentivement un procès qui a lieu à Francfort. Plusieurs responsables du camp d’extermination d’Auschwitz doivent répondre de leurs faits et gestes. Un grand Journal de Francfort, le « Frankfurter Allgemeine Zeitung », documente quotidiennement in extenso les débats et le procès rencontre un grand écho. Weiss lui-même a pris des notes durant les débats et se fonde, en élaborant son « oratorio en onze chants », sur les reportages publiés.

Il radicalise le théâtre documentaire en se limitant aux citations. Il échappe ainsi au danger d’une reconstruction historique toujours subjective et dans le cas de l’holocauste particulièrement problématique. En organisant les débats, il donne une intelligibilité et une forme permettant de comprendre l’histoire et d’en tirer des leçons, pour nous contemporains.